LE TRAVAILLEUR CATALAN

Intermittents. Le Tc a recueilli le témoignage de Lucie Chillon, intermittente du spectacle dans les Pyrénées-Orientales.

Concernant la situation des intermittents, suite à ce confinement et à la crise qui est là, elle est forcément instable et désastreuse en termes de perte d’emploi et de droits au chômage. Il faut d’abord comprendre comment fonctionne le régime de l’intermittence, à savoir que pour bénéficier de l’assurance chômage il nous est demandé de justifier de 507h de travail en une année. Ce qu’on appelle la date anniversaire, est la date à laquelle pôle emploi regarde sur la totalité de l’année précédente si les déclarations de travail sont suffisantes pour renouveler une année supplémentaire de droit au chômage. Année durant laquelle nous devrons encore obtenir nos 507h pour une réouverture de droits etc…
Les décrets et arrêtés mis en place par le ministère de la culture sont extrêmement défavorables aux intermittents pour plusieurs choses.
On nous annonce d’abord que nos dates anniversaires seront repoussées d’autant de temps que la durée du confinement. C’est faux. Déjà parce que pôle emploi n’est pas capable aujourd’hui de nous dire quand cette date sera arrêtée et ensuite, tous les intermittents ne « bénéficieront » pas de ce décalage là, ce qui va créer une grande disparité et inégalité entre les salariés.

Un mépris total des individus

Ceux dont la date anniversaire tombe entre le 12 mars et le 31 mai se voient leur date repoussée au 31 mai. Il faut savoir que ceci va faire glisser notre date anniversaire. Pour ouvrir de nouveaux droits, la période de référence a été fixée à un an plus 91 jours soit environ 15 mois en tout. Donc pour renouveler les droits, pôle emploi regardera 15 mois en arrière depuis le dernier contrat pour rechercher les 507 heures. Cela sera favorable aux primo accédants à qui il ne manquait pas beaucoup d’heures pour une ouverture de droits, mais pas à l’ensemble des intermittents. Puisqu’un contrat donné n’est valable qu’une fois pour ouvrir des droits. Par exemple, ma date anniversaire est le 11 mai et même si elle était repoussée au 31 mai, mon dernier contrat est du 27 février… Ma date anniversaire sera dorénavant le 27 février. Donc il me reste 9 mois pour remplir mes 507h… la preuve donc que ce décret ne sert strictement à rien et n’avantage personne. Au contraire ! Au lieu de nous laisser réellement 15 mois de « rattrapage », on se retrouve avec 9 mois (éventuels) pour prétendre aux 507h. C’est aberrant ! Ensuite, la mise en place de l’activité partielle ou chômage partiel par l’employeur pour les dates annulées est possible en théorie, mais difficile en pratique. Il faut convaincre l’employeur d’en faire la démarche. Et ce n’est pas entièrement gratuit pour lui. Les annonces du gouvernement en termes d’accompagnement financier de ce genre de dispositif restent tout à fait floues, et on l’a vu de manière générale, ils préfèrent demander un effort de la part des banques et assurances au lieu de mettre un fond provisoire indispensable à la relève économique de nombre d’entreprises.

Une situation particulière dans les Pyrénées-Orientales

La particularité de notre département c’est que nous dépendons essentiellement du secteur du tourisme et de la restauration pour travailler. Nos heures en tant que musicien par exemple se font essentiellement dans des bars, restaurants, mais aussi campings, et lieux d’évènements, festivals etc. Dans la période actuelle, personne ne sait quand ces rassemblements seront possibles et si les structures financières pourront se relever de tant de mois d’inactivité. Demander à un employeur de nous mettre en chômage partiel alors qu’ils ont déjà leurs propres salariés à mettre à l’abri ou encore quand ils ne peuvent eux-mêmes se dégager un salaire est donc ubuesque. Bref. De la théorie encore, mais dans la pratique ces réponses semblent hors sol. Nous exigeons un renouvellement automatique de nos droits sans exception AUGMENTE du temps de confinement pour cette année qui, manque de bol, se voit affectée par une crise sanitaire et des décisions politiques qui sont complètements obnubilées par la bulle financière. Ce n’est pas à nous de payer leurs incohérences et LEURS choix budgétaires. Il est hors de question que le monde de la culture crève pendant que des budgets de relances indécents sont accordés aux grandes entreprises mortifères de LEUR monde.

Lucie Chillon

 
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