LE TRAVAILLEUR CATALAN

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L’après-capitalisme. L’État devrait assurer, pour une part déterminante, la régulation de la création des richesse et de leur distribution. Cette verticalité devrait être assujettie à une horizontalité qui renvoie au rôle des « communs ».

La problématique des communs ne date pas d’hier, mais c’est en 2014, avec la publication du livre de Pierre Dardot et Christian Laval : Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle (Éditions La Découverte) que le débat a ressurgi dans les milieux associatifs et militants. En 2016, La Revue du projet, éditée par le PCF, lui avait consacré l’essentiel de la pagination de son numéro 60. C’est une problématique qui a fait l’objet d’un intérêt certain dans ses rangs jusqu’en novembre 2018, à la veille de son 38e congrès. En septembre 2017, le secrétaire national de l’époque, Pierre Laurent, avait accordé une interview au magazine Reporterre, dont je reproduis ce court extrait : « (…), la démocratie d’aujourd’hui – et celle qu’il faut inventer pour le XXIe siècle – doit savoir accorder une place beaucoup plus grande aux individus dans les dimensions collectives de mise en commun. Tout cela nous pousse à être aujourd’hui favorables à des modèles d’appropriation sociale plus diversifiés que la seule propriété publique étatique. Donc, nous accordons une place nouvelle aux questions de l’économie coopérative, de l’économie sociale et solidaire, et aux droits d’intervention des salariés, et plus globalement des producteurs, sur l’objet de leur production. »

Penser une orientation stratégique

Un peu avant, en août 2017, Christophe Aguiton, chercheur en sciences sociales, militant syndical et associatif, avait publié son ouvrage La Gauche du XXIe siècle (Éditions la Découverte), dans lequel il se disait persuadé que « Les biens communs deviennent aujourd’hui une alternative tant au capitalisme qu’à l’étatisme ». Il appelait à dépasser « l’opposition binaire » selon laquelle «  face au capitalisme, au marché et à la propriété privée, la gauche défend les nationalisations et la planification économique, c’est-à-dire un recours massif à l’État. ». Il reconnaissait néanmoins que « A l’évidence, les biens communs ne se substitueront ni aux États ni aux marchés et à la propriété privé qui existaient bien avant l’événement du capitalisme. Mais en identifiant cette troisième alternative, on peut analyser les phénomènes d’hybridation et, surtout, penser une orientation stratégique. »

Instituer les communs

« Penser une orientation stratégique », c’est ce qui ressort aussi du dernier livre de Jean-Marie Harribey, membre des Économistes atterrés et de la Fondation Copernic, Le Trou noir du capitalisme. Pour ne pas y être aspiré, réhabiliter le travail, instituer les communs et socialiser la monnaie (Le Bord de l’eau, 2020). Il y traite, selon une approche plus marxisante que Christophe Aguiton, de la problématique des « communs ». Il s’en explique dans une interview donnée le 29 avril à Mediapart dans laquelle il plaide « pour qu’on revienne à l’économie politique et au dépassement qu’en avait fait Marx. Parce qu’elle permet de distinguer la richesse dont la nature est le meilleur exemple et la valeur au sens économique qui prend sa source dans le travail et qui revêt la forme monétaire lorsque la marchandise est vendue sur le marché ou lorsque des activités non marchandes sont validées par décision politique : de l’éducation dans les écoles, du soin dans les hôpitaux, de la recherche dans les universités, etc. Une fois ces bases posées, alors peut s’ouvrir un champ de légitimité pour les services publics non marchands, pour les biens érigés au rang de biens communs. Tout ce dont la valeur ne résulte pas d’un arbitrage du marché ni d’une opportunité de rentabilité, mais d’une convention sociale et politique ».

Roger Hillel

 
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